source : le Parisien avec l'AFP le 01.10.2013, 06h56 | Mise à jour : 08h19
Une première depuis 17 ans. L'Etat fédéral américain a été mis au chômage technique, mardi matin, pour la première fois depuis 1996, faute d'un accord sur le budget. Des centaines de milliers de fonctionnaires, la plupart des agences fédérales et des services publics qui en découlent sont concernés.
Malgré d'intenses tractations et une soirée d'allers-retours entre le Sénat, à majorité démocrate, et la Chambre des représentants, dominée par les républicains, aucun projet de loi de finances n'a pu être adopté à temps pour le début de l'exercice budgétaire 2014, qui a commencé à minuit ce mardi, soit 6 heures en France. La Maison Blanche a donc ordonné aux agences fédérales de déclencher la cessation partielle de leurs activités.
Barack Obama avait tenté une ultime intervention lundi en avertissant qu'une paralysie de l'Etat fédéral aurait «des conséquences économiques très réelles pour des gens dans la vraie vie, et tout de suite». Le président a toutefois promulgué lundi soir une loi garantissant aux militaires qu'ils seront payés à temps quoiqu'il arrive. «Ils l'ont vraiment fait», a-t-il déploré sur Twitter, à propos de la fermeture («shutdown») de l'Etat imposée par ce blocage.
Le précédent «shutdown» avait duré du 16 décembre 1995 au 6 janvier 1996. Dix-sept ans après, l'échec du Congrès (constitué de la Chambre des représentants et du Sénat) marque la culmination de 33 mois d'un bras de fer continu sur le budget entre les démocrates et les républicains. La cessation des opérations gouvernementales a déclenché une tempête politique, chaque camp accusant l'autre d'intransigeance. «C'est une honte que ces gens, élus pour représenter le pays, finissent par représenter le Tea Party (NDLR : un mouvement à la droite des républicains et défavorable aux dépenses publiques) et les anarchistes», a tonné Harry Reid, chef de la majorité démocrate. «Nous en sommes là car le président et les démocrates du Sénat voulaient ce résultat depuis le début», a estimé le républicain Ted Poe. Mais certains admettaient que l'opinion rejetterait la faute sur les républicains. Ceux-ci «vont être perçus comme ayant bloqué et provoqué la cessation des activités de l'Etat fédéral», a déclaré lundi soir le sénateur John McCain.
Trouver une solution à ce blocage ne sera en tout cas qu'une première étape. Le 17 octobre au plus tard, Barack Obama aura besoin que le Congrès relève le plafond autorisé de la dette américaine afin que le pays puisse continuer d'emprunter. Congrès et Maison Blanche se sont toujours accordés. Cette année, les républicains demandent qu'Obama renonce à se réforme de la santé pour parvenir à un accord. Faute de relèvement du plafond, les Etats-Unis seraient alors en défaut de paiement. Une première, qui aurait immédiatement des répercussions mondiales.
Les conséquences d'une paralysie de l'Etat Tous les services publics fédéraux sont impactés. De plus, une fermeture de deux semaines, par exemple, raboterait la croissance du produit intérieur brut du 4e trimestre de 0,3 point. 400 000 employés civils du Pentagone, le plus gros employeur public, vont être mis en congés sans solde. Mais les opérations militaires vont continuer normalement, même si les soldats pourraient être payés avec retard. Les 368 parcs et musées nationaux vont fermer. Le parc Yosemite, le Grand Canyon et le musée Smithsonian de Washington sont ainsi concernés. 95% des 16 000 employés de l'agence pour l'Environnement (EPA), chargée des règlementations sur l'environnement et la pollution, vont être renvoyés chez eux ; les 5% restants traiteront les éventuelles urgences. Les demandes de visas et de passeports pourront être honorées si le blocage ne dure pas trop longtemps. Dans le domaine médical, les nouveaux traitements ne vont pas pouvoir être testés. La publication de certaines statistiques économiques du pays devient impossible. En revanche la justice, la sécurité nationale et les services jugés essentiels à la sécurité et à la protection du pays vont être globalement épargnés. Les tribunaux fédéraux fonctionneront normalement pendant au moins deux semaines.